Ci-dessous un tout nouvel encart qui va grossir notre revue de presse sur « l’automobile ».
Son titre troublant (Patrick Carpentier entre au Temple, en toute discrétion | Vous avez vu?) est parlant.
Annoncé sous le nom «d’anonymat
», le pigiste est reconnu comme quelqu’un de sérieux.
Vous pouvez par conséquent faire confiance aux infos qu’il publie.
Sachez que la date d’édition est 2022-06-06 08:21:00.
Le Québécois n’a pas pu assister à son intronisation, samedi dernier à Toronto, car il travaillait à Montréal.
Je n’ai pas pu aller à la cérémonie, car j’avais des obligations comme analyste à la télévision, explique-t-il à Radio-Canada Sports. C’était pendant une grosse fin de semaine de course avec le Grand Prix de Monaco de F1, les 500 milles d’Indianapolis et la plus longue course NASCAR de la saison.
Patrick Carpentier, 50 ans, habite aujourd’hui au Vermont, à côté de Burlington, tout près de la frontière avec le Québec. Il était dans sa cuisine quand le téléphone a sonné.
C’est la cerise sur le sundae pour ma carrière, ça vient boucler la boucle. Je suis super heureux de ça
, dit-il spontanément.
Sur la fin de ma carrière, il y a 15 ans, on m’avait déjà offert de rentrer au Temple de la renommée, explique-t-il. Mais on me demandait 2000 $, je crois que c’était pour financer leurs activités. C’était une autre administration, et pour une question de principe, je trouvais que je n’avais pas à payer pour être intronisé. Les souvenirs sont dans ma tête, et je vis bien avec ça. J’avais refusé à l’époque.
Cette fois-ci, je me sens plus à l’aise. Il n’y avait pas de prix d’entrée, mais je leur ai envoyé beaucoup de matériel de course que j’avais, des habits de l’équipe Player’s, un casque de mon championnat en formule Atlantique, une demi-douzaine de visières, des souliers personnalisés avec mon nom dessus.
Ils m’ont dit qu’ils avaient reçu beaucoup de choses. Ça a été l’encan qui a rapporté le plus. Au moins, j’ai contribué pour les aider. Je me demandais : « Est-ce que ça va se vendre encore aujourd’hui? Est-ce que les gens se souviennent de moi? » Ça a l’air que oui
, explique-t-il en riant.
L’occasion était belle de revenir sur la carrière du Québécois en Amérique du Nord, qui a touché à beaucoup de disciplines de la course automobile, de la catégorie formule à la NASCAR en passant par l’endurance et le rallye cross.
Et ce ne sont pas ses performances en piste dont il est le plus fier. C’est l’aventure dans son ensemble. Il est conscient qu’il a eu beaucoup de chance.
Je suis particulièrement content du fait qu’on en a profité, Anick (Dunn) et moi. Ça fait au-delà de 25 ans qu’on est ensemble, et on a vraiment vécu ensemble quelque chose de spécial. Dans ma carrière, ça a été difficile par moments, la mort de Greg Moore notamment. Il y a eu des hauts et des bas, les négociations des ententes contractuelles. Mais en général, on a eu beaucoup de plaisir, on a voyagé, je n’ai pas eu de blessure grave.
Du talent, il y en a beaucoup au Canada, au Québec. Mais moi, j’ai été chanceux, la filière Player’s est arrivée au même moment. Le timing était parfait. Je n’avais pas les moyens de monter en formule Indy. La filière, c’est ce qui nous a permis d’y aller.
Patrick Carpentier en quelques chiffres :
- Né à LaSalle le 13 août 1971;
- 1982-1983 : champion canadien de patinage de vitesse sur courte piste et de longue piste et champion nord-américain sur courte piste;
- 1985 : champion du Québec junior de karting (4 temps);
- 1989 : champion de l’école de pilotage Spénard-David;
- 1992 : premier Championnat canadien de formule Atlantique;
- 1996 : premier Championnat de formule Atlantique (9 victoires en 12 courses);
- 1997 : recrue de l’année du Championnat CART (aujourd’hui IndyCar);
- 2002 et 2004 : 3e du championnat CART (renommé ChampCar en 2004, cinq victoires);
- 2005 : deux podiums (trois tops 5) en Championnat IRL (Indy Racing League);
- 2007 : deux podiums (trois tops 5) en NASCAR Nationwide (16 départs entre 2007 à 2012).
Vivre le rêve américain
Patrick Carpentier l’a vécu comme peu le peuvent.
On a décidé d’aller habiter à Las Vegas, car il y avait des vols directs pour pas mal partout, puis pour les taxes aussi et un paquet d’affaires, et tout le monde est allé en même temps : le Cirque du Soleil, Céline Dion. C’était comme la petite Italie à Montréal, sauf que là, c’était le petit Québec à Las Vegas
, précise-t-il en riant.
On était invités partout, on était bien reçus, on allait voir des spectacles, ils venaient aux courses. Moi, je conduisais de belles voitures de course sur les plus beaux circuits du monde. C’était incroyable. On a eu du plaisir sans bon sens là-bas
, admet-il.
Même si on retournait là-bas, on ne pourrait jamais revivre ce qu’on a vécu à ce moment-là. C’est vraiment la plus belle partie de ma carrière en course automobile. Souvent, on n’apprécie pas assez la vie. On ne prend pas le temps, on travaille, on est trop pris par toutes sortes d’affaires. Nous, on a pris le temps d’apprécier.
Un seul regret, et encore…
Si Patrick Carpentier a touché le public québécois, c’est grâce à son tempérament calme, rieur, accessible.
S’il y a une chose que je pourrais refaire pour tenter d’avoir de meilleurs résultats, de meilleures performances, c’est d’être moins patient, c’est d’être plus demandant envers l’équipe, être plus exigeant. Mais si j’avais agi comme ça, je ne suis pas certain que je serais resté aussi longtemps avec Player’s.
Ce qui m’a permis de rester, c’est que je m’entendais bien avec pas mal tout le monde. Mais je sais que j’aurais eu plus de podiums, plus de victoires, si j’avais été plus chien un peu, plus méchant, reconnaît-il. Mais tu sais, chacun sa personnalité, et je pense que j’ai eu plus de plaisir de la façon dont j’étais.
Au cours de sa carrière, il a vécu des moments plus sombres. La mort de son coéquipier Greg Moore en 1999 l’a beaucoup ébranlé. Et ce qui l’a décidé à s’éloigner des circuits, c’est son accident à Chicago en 2006.
Le décès de Greg a été très dur à traverser, car souvent, quand arrive quelque chose comme ça, tu rembarques dans la voiture la semaine suivante. Tu te dépêches à mettre ton attention sur autre chose, ce qui aide beaucoup à éliminer la peur, explique-t-il. Mais dans le cas de l’accident de Greg, c’était dans la dernière course de la saison. Je devais donc vivre tout l’hiver avec ce qui venait de se passer. Et dans ce temps-là, tu te poses beaucoup plus de questions.
J’étais encore jeune, et j’étais inquiet de savoir comment ça se passerait une fois de retour dans l‘auto. Tu ne sais jamais. Tu peux te mettre à douter, et là, il faut que tu arrêtes. Mais après une couple de tours, c’était correct.
En IRL, sur certains circuits, on pouvait rouler à plus de 400 km/h, se souvient-il. Et quand en 2006, à Chicago, Ryan Briscoe a frappé le mur et m’est passé par-dessus la tête, sa voiture était coupée en deux dans la clôture. Heureusement, il n’a pas été blessé gravement. Cette fois-là, j’ai su instantanément que c’était terminé pour moi. J’ai appelé Anick et je lui ai dit : « Je termine l’année, et j’arrête. »
Après ses années en catégorie formule, Patrick Carpentier a fait de la NASCAR, qu’il considérait comme beaucoup moins risquée. Mais comme il était plus vieux, il se mettait à réfléchir un peu trop, il avait deux enfants. Il a donc choisi de prendre sa retraite de la course automobile.
Je reçois des invitations, mais ça prend du temps et de l’entraînement. Et si je ne peux pas être à 100 % de ma forme pour me donner toutes les chances, j’aime mieux pas y aller
, dit-il simplement.
À la différence du pic-bois
L’être humain est une machine complexe, mais on trouve chez l’animal certains mécanismes de défense uniques, comme l’a appris Patrick Carpentier après l’un de ses accidents.
J’ai complètement décroché des sports motorisés. N’oublie pas que j’ai eu sept commotions cérébrales, rappelle-t-il. C’est beaucoup. Dans un accident, c’est la décélération qui fait mal, même avec un casque. Quand le cerveau frappe contre la boîte crânienne.
Un médecin m’a déjà expliqué que le pic-bois enroule sa langue autour de son cerveau avant de cogner le tronc, ce qui le protège. Nous, on n’a pas ça, alors quand notre cerveau cogne comme ça, ça fait des lésions. Alors, j’ai bien fait d’arrêter, et c’est dur, car mes amis parfois me disent que je suis peureux aujourd’hui. C’est juste qu’une commotion, ça ne se voit pas.
Patrick Carpentier est aujourd’hui un homme comblé par sa carrière en course automobile et par sa vie de famille avec Anick et leurs enfants Anaïs, 21 ans, et Loïc, 15 ans, et par la vie qu’il mène aujourd’hui.
Anaïs et Loïc étaient petits quand leur père roulait sa bosse sur les circuits. Son intronisation au Temple de la renommée leur permet de réaliser à quel point leur père a été l’un des meilleurs pilotes canadiens de sa génération.
Ma fille étudie en psychologie à l’université, je crois qu’elle veut essayer de comprendre son père, dit Patrick Carpentier dans un grand éclat de rire. Mon fils n’a aucun intérêt pour la course automobile, zéro, mais il n’en revenait pas que j’avais des souliers de course personnalisés avec mon nom brodé dessus.
Patrick Carpentier a tenu à rendre hommage à sa femme Anick Dunn, qui a été souvent seule à la maison avec les enfants quand ils étaient petits et que leur père sillonnait l’Amérique du Nord.
Aujourd’hui, ils se sont fait une vie loin des projecteurs au Vermont, à un rythme qui leur convient.
Aux États-Unis, je fais beaucoup de construction. Anick gère des complexes d’appartements et de condos dans la région, puis, moi, je les rénove. J’en ai deux à refaire en juin. Au Vermont, ce sont de vieilles bâtisses, fait qu’il y a beaucoup d’ouvrage dans la rénovation. Je fais ça depuis longtemps et j’adore ça.
Et puis, on est bien au Vermont, car le rythme est lent. C’est l’opposé de Las Vegas, où on habitait avant. C’est plus tranquille, et ça nous convient. Je suis content. Je ne veux plus voyager. On l’a assez fait.
Le Québécois a jeté beaucoup de trophées qui prenaient de la place, mais il garde chez lui quelques souvenirs de sa carrière de pilote. Et il fera une place à la petite plaque souvenir du Temple de la renommée du sport automobile canadien.
Ah oui? Il y a un trophée?
a-t-il demandé le plus candidement possible.
Il ne le savait même pas. Comme quoi…
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